[Martin Schongauer] La Russie, le soft-power, et l’intérêt de la repentance

Les événements en cours en Ukraine sont absurdes du point de vue d’un identitaire européaniste, qui voit non seulement le sang de siens couler abondamment, mais les haines des uns envers les autres remonter à la surface. Les guerres de frontières entre européens paraissent irréelles et futiles pour un français confronté au Grand Remplacement, mais elles sont l’occasion de rappeler que le nationalisme classique de type “XIXème siècle” est l’une des pires idéologies que l’on puisse produire.

Dans une Europe de l’Est dépourvue de cette maladie, l’identitarisme européen serait naturellement présent et vécu au quotidien dans la tranquillité, comme c’est le cas en pratique dans nombre de pays d’Europe Centrale. Les pays de l’ancien bloc de l’Est, de la République Tchèque à la Russie, pourraient s’organiser calmement face aux vagues migratoires souhaitées par les technocrates occidentaux, car ils auraient ensemble une taille et une richesse suffisante pour faire le poids. Ils seraient alors en mesure de “soigner” l’Europe de l’Ouest de ces maux, et de préparer son éventuel effondrement comme une sorte d’effondrement de l’URSS inversé.

Mais au lieu de ça, nous voyons ce que nous voyons. Des pays d’Europe Centrale qui vont se réfugier au plus près de Bruxelles et de Washington et qui, alors qu’ils font tout ce qu’ils peuvent pour éviter d’ouvrir leurs portes à la diversité, finiront par accepter chaque lubie immigrationniste juste pour ne pas se faire écraser sous les bombes. L’expression “tomber de Charybde en Scylla” est l’illustration parfaite de cette situation.

Il faut dire que pour l’instant, en envoyant des flots de migrants aux frontières polonaises, en mobilisant des bataillons de tchétchènes en Ukraine et en essayant -vainement- d’en faire venir du Kazakhstan, le poutinisme a davantage travaillé au Grand Remplacement de l’Est que tous les gauchistes à cheveux bleus de Varsovie et de Kiev réunis. Un exploit applaudi par la moitié de l’extrême-droite française.

Le nœud de toute cette horreur se trouve dans une mauvaise compréhension -volontaire ou non- de la notion de “repentance”, qui est agitée comme un argument de façon régulière dès lors qu’il s’agit de défendre la politique mise en place par Vladimir Poutine dès son accession au pouvoir.

Car d’où vient l’empressement de la moitié de l’Europe à se précipiter vers un protecteur occidental, quitte à élargir l’OTAN jusqu’à justifier des conflits? De la peur ou de la haine des Russes, assurément. Et d’où vient cette dernière? D’un certain nombre de crimes qu’ils ont commis à différentes époques dans ces pays, a priori. Mais c’est subtilement faux. Après tout la haine ou la peur des Allemands est de nos jours beaucoup moins répandue dans ces pays.

Ce qui déclenche le plus de haine, sur le long terme, ce ne sont pas les crimes du passés, mais le fait de mentir à leur sujet de façon effrontée. Que doivent penser les Ukrainiens en voyant des statues de Staline pousser en Russie en plein XXIème siècle, et leurs historiens interdits d’accès aux archives soviétiques? Que doivent penser les polonais en entendant que le pacte germano-soviétique était défensif, inévitable, que c’était un coup de génie et que tout le monde sauf l’URSS est responsable de la déstabilisation du continent européen dans les années 30? C’est tellement grossier que c’est littéralement prendre les gens pour des cons, et cette insulte à la raison et au bon sens s’ajoute à l’insulte faite aux victimes.

Si la Russie n’entretenait pas une nostalgie, il faut bien le dire dégoûtante, de certaines époques, si elle n’injuriait pas systématiquement tous les autres peuples européens pour gonfler son ego surdimensionné, la moitié Est de l’Europe serait déjà paisiblement organisée pour lutter contre le Grand Remplacement et la menace chinoise. Le nationalisme russe est l’obstacle principal, avant même les pires spécimens de gauchistes occidentaux, à tout ce que nous souhaitons voir émerger.

On oppose à ce raisonnement un argument classique “Poutine a précisé qu’il ne veut pas une repentance à la française, qui détruirait son pays de l’intérieur comme le nôtre”.

Alors qu’il n’est même pas réellement question de “repentance”, juste de cesser d’insulter, de mentir, de laver le cerveau de gamins en leur expliquant qu’un tyran moustachu qui a tué des millions de Blancs est le modèle à suivre du XXIème siècle. Accepter simplement l’Histoire et passer à autre chose. Faisons un effort d’imagination: le gouvernement russe ouvre les archives, supprime les lois mémorielles, et formule quelques regrets dans un communiqué. Cinq ans plus tard, les banlieues de Moscou sont remplies de Lituaniens et de Polonais qui brûlent des voitures et agitent leurs drapeaux dans la rue. Non, ça ne tient pas, personne n’y croit.

La réalité est que les excuses ou les reconnaissances d’événements négatifs n’ont pas le même effet selon le peuple qui les reçoit. Pour certains, c’est un signe de faiblesse, pour d’autres, un signe d’amitié. Tout cela dépend du régime politique en place, de la façon dont ce peuple est mentalement câblé, et peut-être de quelques autres facteurs. Mais pour être clair, entre Blancs, et avec quelques autres peuples à déterminer, accepter de prononcer de temps en temps quelques mots d’excuses est non seulement possible, mais même la meilleure chose à faire.

Sans cela, on finit par lâcher des bombes sur des civils comme un autiste, en hurlant à qui veut l’entendre que ce sont les membres d’un peuple “frère” que l’on cherche à extirper des griffes d’un complot étranger. Mais ce peuple, peut-être, est juste en train de chercher à vous fuir comme on fuit un “ex” toxique et collant.