Lovecraft et le rêve d’exploration

Les Montagnes Hallucinées. Si vous n’avez jamais lu un texte de Lovecraft, je vous conseille le livre audio de cette nouvelle, réalisé par Lyre Audio. J’ai passé un bon moment à l’écouter et je me suis souvent retrouvé à bout de souffle quand se terminaient les descriptions cauchemardesques du récit. C’est un texte très avant-gardiste en ce qui concerne le genre de l’horreur. Ecrit en 1938, c’est un texte qui n’a rien à envier à The Thing de John Carpenter, qui s’en est d’ailleurs largement inspiré.

Il y a quelque chose que j’adore chez Lovecraft. L’air d’une époque post-première guerre mondiale. L’ennui profond. Le désir brulant et incontrôlable, très européen, pour le mystérieux et l’exploration. Être un pionnier.

Il est dans la continuité de Jules Vernes. Seulement, à ce moment, le monde n’offre plus à l’européen ni de surprise ni d’émerveillement. Tout semble avoir été découvert. Tous les exploits semblent avoir été accomplis. La pureté du rêve technologique a été ternie par les combats de 14-18. Les civilisations humaines qui nous semblaient exotiques et mystérieuses au premier abord ne nous ont pas offert la profondeur de celle occidentale. Cet air du temps devient même explicite dans Le Molosse.

L’ennui devient écrasant. Le désir d’exploration se tourne vers l’occulte, les mystères enfouis dans les contrées inaccessibles et reculées, les choses qui ne devrait jamais être déterrées, les visions incompréhensibles qui rendent fou. On y parle de civilisations antiques inhumaines enfouies dans les profondeurs de l’antarctique ou bien d’océans perdus, dont les ramifications terrifiantes et oubliées semblent infinies… C’est horrifique oui, mais on a envie d’y aller quand même, de savoir, de découvrir, de suivre notre nature, notre curiosité est piquée au vif.

Et c’est exactement ce que je recherche dans ce genre. Si ce n’est pas effrayant, ce que ce n’est pas assez intriguant. Je crois bien qu’il ne pourra jamais y avoir de calme et de tranquillité au sein de dans la civilisation occidentale. Il faudra toujours quelque chose à aller inventer, explorer, conquérir, améliorer, ériger. C’est dans notre nature. Un simple retour au calme ne fera jamais un projet politique suffisant.

Version illustrée des Montagnes Hallucinées réalisée en 2019 par le français François Baranger

 

 

Peter Columns

Entrepreneur, ingénieur spécialisé dans les technologies d’Intelligence Artificielle.