Borderless, le reportage qui dévoile la crise des migrants comme vous ne l’avez jamais vue

Une journaliste s’est infiltrée dans la crise migratoire européenne. Entretiens avec des trafiquants d’êtres humains, des migrants, des témoins d’activités illégales par des ONGs, après six mois et demi de reportage passés sur les rives de la Turquie, de la Grèce et du Maroc avec des migrants, des ONGs et des passeurs, c’est un tableau très nuancé de la crise des migrants que dresse Lauren Southern, la journaliste indépendante et conservatrice américaine.

Loin des clichés habituellement servis par les médias internationaux, elle a constaté une véritable organisation qui ne bénéficie en vérité pas aux migrants, mais aux passeurs, aux trafiquants d’humains et aux ONGs occidentales complices. De la bouche même des migrants dont les témoignages construisent l’ensemble du documentaire, il s’agit ni plus ni moins d’un business dont ils sont la matière première. Un business fondé sur un mensonge.

L’objectif de ce reportage est d’acquérir une compréhension profonde des circuits des passeurs, des flux de migrants et de l’action des ONGs en Méditerranée. D’où viennent les migrants? Qui sont-ils? Sont-ils des migrants économiques? Que se passe t-il pour eux une fois qu’ils arrivent en Europe?

Lien originel, censuré par Youtube: https://www.youtube.com/watch?v=vMoG88mQEME

L’action des ONGs des deux cotés de la frontière européenne

Un des points les plus centraux du reportage est l’action des ONGs humanitaires à la fois à l’extérieur de l’Europe et à l’intérieur.

Dans le camp de Lesvos, elle obtient des témoignages déclarant que des médecins grecs rédigent contre une somme d’argent non négligeable de faux documents médicaux, attestant d’une maladie fictive grave. Avec ce document, le migrant ayant payé peut accéder à l’Europe tant désirée.

Les ONGs aident également les migrants à mentir pour tromper les autorités européennes. La principale falsification consiste essentiellement à mentir sur leur condition médicale ou sur leur religion, en se prétendant chrétiens. Ces ONGs connaissent les interrogatoires des autorités européennes et donnent tous les éléments de langage et les comportements à adopter pour duper l’interrogateur.

Un enregistrement a été fait d’une réunion d’une de ces associations en terrasse d’un café grec. La Présidente de Advocates Abroad, Ariel Ricker, y explique tout le processus de duperie des autorités. Le vice va jusqu’à demander aux migrants musulmans de choisir une fête chrétienne favorite et qu’ils sachent expliquer pourquoi celle-ci et pas une autre. Ils leur montrent également comment il faut prier.

Ils entrainent les migrants en mettant en place des interrogatoires fictifs où les militants de l’ONG prennent la place des interrogateurs. D’autres ONGs sont accusées par la justice grecque de blanchir de l’argent sale via leurs activités humanitaires.

A la recherche d’une embarcation de migrants au nord de la Turquie

Tout commence sur les rives de la Turquie, à une dizaine de kilomètres des cotes grecques. C’est ici que les flux les plus importants se trouvaient en 2015. C’est plus de 3.4 millions de migrants qui ont traversé la Turquie pour rejoindre l’Europe sur ces côtes, soit 60% des flux totaux de migrants.

Lauren Southern essaye de trouver un point d’embarcation de passeurs au nord de la Turquie vers la Grèce.  Elle trouve de nombreuses affaires abandonnées mais pas d’embarcation. Dans un village, kuruoba köyü yolu, un agriculteur, Melvut Soner, lui explique que la vie a radicalement changée ces dernières années. Alors que la tranquillité et la sécurité régnaient, les villageois ne sortent plus cultiver leurs terres seuls du fait du danger. Selon lui, en 2013, quelques migrants passaient par les terres de son village. Aujourd’hui, il estime que ce sont des milliers tous les jours. Selon lui, sur la vingtaine de villages présents sur sa côte, un million de migrants seraient passés.

De ce fait, la criminalité a explosé. Les trafiquants s’en prennent aux villageois comme aux migrants. Ils sont armés et ont pris le contrôle de terres ne leur appartenant pas. Les trafiquants n’hésitent pas à se déguiser eux-mêmes en migrants.

Une première conclusion s’impose: les européens ne sont pas les seuls à souffrir de ces flux de migrants. Les populations locales des pays frontaliers à l’Europe vivent dans la peur.

Lors de la troisième nuit, Lauren Southern réussit à rejoindre un groupe de migrants. Des afghans. Un migrant déclare que chaque personne du groupe a payé $1000. Les tarifs durant tout le reportage oscilleront entre 1000 et $2500 USD.

Les afghans, que des hommes, déclarent vouloir quitter leur pays au profit de la Suisse qu’ils considèrent comme le meilleur pays au monde. Ils veulent fuir le leur car aucune économie ne s’y développe et la guerre y est incessante. Ils ne veulent pas rester en Turquie mais partir en Europe, là ou se trouve déjà de la famille.

Ils ont payé des milliers d’euros mais ils ne sont pas sûrs qu’un bateau viendra effectivement les prendre. L’incertitude est totale. A l’aube, le bateau ne s’est pas toujours montré, les migrants se dispersent. Cette nuit là,  beaucoup d’embarcations de gendarmes turcs surveillaient les eaux.

La journaliste américaine décide de partir pour ne pas être prise en tenaille entre la police turque et un groupe de migrants en colère. Lors d’une autre tentative, elle est menacée par des passeurs et décide de partir sous les conseils de sa sécurité.

A la recherche d’un passeur au nord du Maroc

Par chance, elle a l’occasion de pouvoir approcher un passeur au nord du Maroc. C’est une opportunité dangereuse. Les autorités marocaines ont mis en place des politiques très restrictives sur la possibilité de filmer sur leur territoire. Elles ont déjà mis en prison des journalistes pour de telles tentatives.

Au point de rendez-vous, des dizaines d’africains errent en attendant une embarcation. Elle attend sans certitude, le passeur est très nerveux à l’idée de faire l’interview, elle ne sait pas si il va se montrer. Il finit par se présenter.

Le passeur est un sénégalais de 20 ans. Il déclare que le prix du passage vers l’Espagne est de $2000. Il est là depuis 8 mois. Si la traversée est un échec, l’argent est perdu. Il faut repayer. Il a un patron.

Il propose essentiellement ses services aux migrants qui ne rentrent pas dans les critères pour l’obtention d’un visa par le circuit légal.

Une seconde conclusion s’impose: ceux qui embarquent ne sont pas des gens qui sont affamés ou en détresse. De telles personnes ne pourraient pas se permettre de dépenser $2000 dans une traversée très incertaine. Des millions de canadiens, d’américains, d’européens ont donné des millions de dollars pour que des ONGs aident les migrants en mer parce qu’ils pensaient qu’il s’agissait de gens désespérés. Mais il n’y a rien d’une cause humanitaire dans ces traversées. En vérité, c’est un gigantesque réseau d’immigration parallèle à celui légal qui brasse des millions et des millions de dollars.

Ce trafic au Maroc représente un montant de $100 000 pour chaque bateau, et des millions de dollars chaque semaine.

A l’assaut des fortifications européennes du nord du Maroc

Au nord du Maroc existe quelques territoires espagnols. Ces petits fragments de terre sont des points de passage privilégiés par les flux de migrants. Et ils sont bien gardés. Une clôture renforcée dessine toute leur frontière et des gardes sont également en poste. Il s’agit des frontières les plus fortifiées de l’Europe. Lauren Southern se rend à l’un de ces points, Melilla.

Elle arrive dans un des nombreux camps sauvages situés au Maroc autour de cette frontière. Dans ce camp, il n’y a que des hommes. Le premier interviewé est un guinéen, ayant quitté son pays pour faire carrière dans le football en Europe. Il a déjà tenté plusieurs fois de passer la frontière. Chaque camp comporte environ 200 migrants.

Elle rencontre l’un des intendants du camp. Il dit être présent pour aider les migrants, car il connait très bien les dispositifs européens. Il déclare que nous sommes tous nés égaux, et que c’est le droit de ces migrants de choisir où ils veulent s’installer. Le but est énoncé clairement: attendre, récupérer autant d’armes que possible, et attaquer la frontière européenne. Selon lui, en proportion, peu de gens réussissent à passer.

Le 15 juillet 2018, une attaque de ce type eu lieu, les gardes de la frontière furent attaqués à l’aide de jet d’acide et de lances-flammes artisanaux.

Dans un camp de demandeurs d’asile de l’Union Européenne sur l’île de Lesvos (Grèce)

Les rapports sur le camp de Moria sur l’île de Lesvos sont horrifiants. Des meurtres, des viols, des émeutes lors de la distribution des repas, des infiltrations de Daesh. Les capacités du petit camp ont été complètement explosées et un bidonville a été construit tout autour. 11000 migrants y séjournent. Parfois, 150 personnes arrivent en une seule journée. Presque aucune sécurité n’existe en dehors du camp de base. Beaucoup d’émeutes éclatent dans ce lieu ou de nombreuses ethnies se confrontent en attendant de passer vers l’Europe. Les gens interviewés déclarent regretter d’être venus et considèrent avoir été dupés par un “business”. La drogue est dite comme omniprésente.

Les combats aussi sont omniprésents. Des migrants présentent des traces de coups de couteau aux bras. Un migrant athée déclare être menacé par les combattants de Daesh infiltrés dans le camp. Après la défaite de Daesh, ses combattants cherchent la sécurité et demandent l’asile. Selon l’interlocuteur athée, il y aurait plus de 1000 anciens combattants de Daesh dans le camp. Il se demande si le but des autorités grecques n’est pas d’éliminer les gens comme lui. La religion majoritaire du camp est l’islam. Il a déjà été attaqué plusieurs fois au couteau, dont une fois à la tête. Les chrétiens, les yézidis et les kurdes subissent le même traitement. Quatre kurdes furent assassinés dans un autre camp proche quelques jours auparavant.

Que deviennent les migrants en Europe?

Le reportage se terminent sur deux lieux: Paris et une petite ville irlandaise.

Lauren Southern rencontre un malien dans l’un des très nombreux bidonvilles de migrants de la ville française. Présent depuis de nombreux mois, il n’a pas de travail et passe sa vie dans une tente entre deux axes routiers.

Dans la petite ville irlandaise, elle s’intéresse à un groupe de demandeurs d’asile qui ont été accueillis dans le grand hôtel de la ville. Ces demandeurs d’asile qui ont pourtant un vrai statut de réfugié doivent faire face à une population très anxieuse du remplacement démographique en cours via l’immigration légale depuis des décennies et à la conjecture économique brutale mettant de nombreux irlandais à la rue.

En définitif, le tableau dressé de la gestion de l’immigration clandestine par l’Union Européenne est une catastrophe.

Les premières personnes dupées sont les migrants eux-mêmes. Ils ont pris de grands risques pour obtenir un meilleur niveau de vie pour eux et leurs familles, et ils ne l’ont pas trouvé sur place.

Les secondes personnes dupées sont ceux offrant leurs dons aux associations humanitaires. Lauren Southern insiste sur le fait qu’elle n’a pas rencontré dans son voyage d’envahisseurs ni de déshérités mais des migrants économiques désireux d’un meilleur niveau de vie.

Elle insiste sur le fait qu’elle a vu partout la foi aveugle dans une Europe riche où la vie est très facile. Le regret est omniprésent. Ceux qui ont bénéficié du statut légal de réfugié restent reconnaissants pour l’asile et les soins prodigués et espèrent un apaisement des tensions.

Peter Columns

Entrepreneur, ingénieur spécialisé dans les technologies d’Intelligence Artificielle.